Description et objectifs: Ce projet de recherche aura pour objectif de comprendre les trajectoires sociojudiciaires des personnes décédées dans les prisons québécoises de 2014 à 2019. Pour ce faire, le projet utilisera les rapports du coroner, ainsi que le dossier social des personnes incarcérées. Ce dernier est constitué par les institutions de détention et contient toutes les informations judiciaires et psychosociales en lien avec les personnes incarcérées.
Bien que ces données puissent permettre d’établir les circonstances, ce projet de recherche se penchera plutôt sur la construction discursive du décès d’une personne incarcérée. Dans la lignée des travaux de Corriveaux et al. (2016) sur le suicide, nous concevons le décès comme un « fait social rapporté», c’est-à-dire que le sens (et les causes) du décès est analysé à travers la parole et les gestes des acteurs sociaux concernés, ici étant le personnel, les personnes incarcérées et l’institution carcérale elle-même. Cet ancrage permet un triple déplacement, soit 1) d’interroger ce qui est rendu (in)visible dans les rapports du coroner et dans le dossier social (par ex., une mort dite naturelle dans un contexte de soins de santé inadéquats); 2) de documenter les cultures de la transparence dans les établissements carcéraux en lien avec les décès (par ex., quelles informations circulent à propos des personnes incarcérées) et 3) de rendre compte des violences institutionnelles dans les décès en détention (par ex., le recours à l’isolement pour gérer les crises suicidaires).
Ce projet de recherche a ainsi l’objectif de comprendre les trajectoires des personnes qui sont décédées lors de leur incarcération à partir des rapports du coroner et du dossier social, par l’analyse des rapports du coroner, des dossiers sociaux et l’établissement des trajectoires sociojudiciaires types, qui mettent en relations les informations sur la personne et les interventions.