Les personnes en situation d’itinérance (PSI) qui tentent de (sur)vivre dans les espaces publics vivent une judiciarisation accrue ainsi qu’un contrôle punitif qui se manifestent aussi dans les espaces de soins. Les intervenant·e·s de première ligne, dans les refuges ou dans la rue, ont des contacts fréquents avec la police. Les pratiques de profilage social et de contrôle punitif exercées sont largement documentées, mais des lacunes subsistent quant aux impacts de la pandémie de COVID-19 pour les intervenant·e·s et leurs usager·ère·s. Notre article rend compte d’une étude de cas menée à Montréal, fondée sur 43 entrevues semi-structurées portant sur les constats d’infraction liés aux mesures sanitaires, les campements et les agent·e·s de sécurité dans les refuges.En nous inspirant de la criminologie des crises ainsi que des études sur la gestion de l’itinérance, nous analysons les défis et les stratégies que les travailleur·euse·s de première ligne utilisent pour résister aux approches punitives. Notre étude aide à clarifier les conséquences de la gouvernance des espaces publics et de services durant la pandémie pour les intervenant·e·s et leurs usager·ère·s. Elle participe à une meilleure compréhension de la violence juridique, du contrôle punitif et de l’exclusion des populations marginalisées, tout en portant une attention particulière à la résilience du milieu communautaire et des intervenant·e·s de première ligne.