Résumé: Les études qui portent sur les décès en milieu carcéral ont mis en lumière les enjeux sociaux derrière ces décès, tissant un lien entre l’institution elle-même et les causes des décès, en particulier pour les suicides (par ex., Liebling et Bernheim pour le suicide). S’ancrant dans ces recherches, cette présentation se penche sur la question des décès comment un fait social rapporté, c’est-à-dire que le décès et ses causes y sont analysés à travers la parole et les gestes des acteurs sociaux concernés. Cette définition permet d’interroger ce qui est raconté dans les rapports du coroner et les données statistiques, et ce qui demeure dans l’ombre. Dans un premier temps, nous présenterons le corpus de cette recherche, en mettant en relief les enjeux méthodologiques. Dans un deuxième temps, en prenant comme point de départ les différentes méthodes de catégorisation des causes de décès, nous explorerons comment le jeu des regards institutionnels construit le sens accordé à la mort en prison, invisibilisant ainsi les violences étatiques et les rapports sociaux inégalitaires.

Par:

Catherine Chesnay est professeure à l’École de travail social de l’UQÀM. Ses travaux portent sur les expériences des personnes judiciarisées, en particulier celles des femmes. Elle s’intéresse aussi aux pratiques d’intervention avec les groupes qui visent à lutter contre le système de justice pénale. Ses principaux projets de recherche portent sur les expériences des femmes racisées à travers le système de justice criminelle (FRQSC – nouveau chercheur), ainsi que les pratiques de témoignages publics des femmes judiciarisées avec Maria Nengeh Mensah (CRSH – développement savoir).

Mathilde Chabot-Martin est étudiante à la maîtrise à l’École de de travail social, Faculté des arts et sciences de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Son projet de recherche traite des peines invisibles des proches des personnes incarcérées.